Comité ZIP de la Rive nord de l'estuaire

Mathieu Roberge, Technicien

Mieux connus pour leurs démarches de concertation, pour leurs actions de protection des berges du St-Laurent, de sensibilisation et d’éducation des citoyens à l’importance des milieux jouxtant celui-ci et d’aménagements permettant à la population d’accéder au fleuve, les comités ZIP peuvent également se voir confier des mandats d’acquisition de connaissances scientifiques sur des espèces fréquentant le fleuve et les nombreux habitats fauniques qu’il renferme. Le comité ZIP poursuit aussi une mission de protection des espèces en péril de son territoire, soit par des projets spécifiques, soit en maintenant son Fonds pour les espèces en péril. Cette année, le comité ZIP de la rive-nord de l’estuaire recevra des fonds du Programme Interactions Communautaires d’Environnement Canada pour réaliser l’inventaire d’un petit oiseau méconnu, le râle jaune (Coturnicops noveboracensis).

Le nom vous est inconnu? Vous vous demandez ce que ça peut bien manger en hiver? Ne vous en faites pas, ce manque de connaissance vous sera facilement pardonné. Même pour les férus d’ornithologie, ce petit oiseau d’à peine 60 grammes représente un défi à dénicher et peu sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir pu l’observer.

Râle jaune, adulte nicheuse. Manitoba © Ron Bazin

De la grosseur d’une petite caille, l’adulte a une coloration jaune et noire avec des miroirs blancs en vol. Il fréquente les marais à carex et les milieux humides d’une superficie supérieure à 10 hectares. Diurne, il se terre dans les broussailles pendant le jour, préférant souvent la course au vol.

S’il est si ardu à détecter, c’est que l’on doit entendre ses vocalises, que seul le mâle produit et que celui-ci attend la tombée du jour pour faire entendre son étrange cri ressemblant à deux cailloux que l’on percute en série de 5 tic (tic-tic tic-tic-tic, tic-tic tic-tic-tic, …). La femelle, presqu’identique au mâle, mis à part son bec brun et noir plutôt que jaunâtre, s’occupe seule du nid qu’elle camoufle dans les touffes d’herbes mortes des marais. Ses petits sont couverts d’un duvet noir et sont généralement au nombre de 7 à 9.

Étant donné sa grande discrétion et le fait qu’on peut le détecter surtout la nuit, les connaissances sur l’écologie de l’espèce sont très limitées. De plus, par sa rareté et celle des milieux fragiles qu’il fréquente et la pression que l’être humain exerce sur ceux-ci, l’espèce s’est vu attribuer le statut d’espèce menacée en 2009 pour le Québec, où, selon l’état des connaissances actuelles, se trouve près du quart de son aire de nidification. Au Canada, l’espèce fait partie d’une liste d’espèces préoccupantes. D’où l’importance d’effectuer un inventaire de cette espèce sur la Côte-Nord.

L’ensemble du projet sera effectué cet été par une équipe regroupant techniciens, stagiaires et chargés de projets du comité ZIP de la rive-nord de l’estuaire. Ils collaboreront à différentes étapes du projet avec des bénévoles du Club d’ornithologie de la Côte-Nord, du Parc-Nature de Pointe-aux-Outardes, des spécialistes du Service Canadien de la Faune, du Ministère des Ressources Naturelles du Québec, de l’Observatoire des Oiseaux de Tadoussac et du Centre d’interprétation des marais salés de Longue-Rive. Il se déroulera dans 8 ou 9 marais salants susceptibles d’accueillir le râle jaune en période de nidification et distribués sur le territoire du Comité ZIP, soit entre Tadoussac et Baie-Trinité.

Alors, si pendant une promenade nocturne aux abords d’un marais salant de la Côte-Nord cet été vous entendez ce qui ressemble à des petits cailloux que l’on entrechoque, n’hésitez  pas à le signaler à L’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec ou à la base de données ÉPOQ du Regroupement Québec-Oiseaux au l’adresses figurant au bas de la page.  http://www.atlas-oiseaux.qc.ca/,  http://www.quebecoiseaux.org/epoq/